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12 mars 2007

la Hongrie se fait encore remarquer... ;-)

Après des forêts défendues corps et âmes par les écologistes du coin, voici un petit village qui se met à vendre ses noms de rue... pour financer l'école du quartier!
Appel à toutes celles et tout ceux qui ont toujours voulu être célèbres... il s'agit tout de même du fameux village de Ivád. (où tout le monde s'appelle "Ivády", voulant dire tout simplement "venant d'Ivád")
à vous de voir si vous avez 100.000 euros en trop pour ceci...
(source: LIBERATION, 12 mars 2007.)

En Hongrie, un village fauché met ses rues en vente
Malgré les aides de l'UE, la mairie n'a pas les moyens de financer l'école.
Par Florence LA BRUYERE

Perchée sur la colline, l'église baroque rose framboise veille sur Ivád. A cent kilomètres de Budapest, ce village isolé au nord-est de la Hongrie n'a pas fini de faire parler de lui depuis que la municipalité a eu l'idée, pour éponger son déficit, de privatiser ses huit rues. Voilà une semaine que le site Internet de la mairie (www.ivad.hu) affiche le slogan en hongrois et en anglais : «Offrez-vous l'immortalité, achetez une rue !» Tout citoyen, hongrois ou étranger, peut se porter acquéreur. En échange, la rue portera son nom mais seulement après sa mort, selon la loi hongroise, et pour trois siècles.

Jennifer Aniston.
Pour passer à la postérité, il faudra débourser une somme rondelette : 100 000 euros pour la rue la plus courte et 242 000 pour la grande rue, longue de six cents mètres. Autre condition, être une personne célèbre ou méritante. «Si Jennifer Aniston ou Barbara Streisand, que j'aime beaucoup, se portent candidates, elles sont les bienvenues. Mais cela peut être aussi un inconnu, par exemple les parents d'un soldat mort en Irak qui désirent donner son nom à une rue», indique le maire, Gábor Ivády, qui a eu cette idée pour sortir sa ville de l'impasse financière. Avec des dépenses annuelles de 74 millions de forints pour 2007 (297 000 euros) et une subvention publique de 47 millions (189 000 euros), Ivád affiche un lourd déficit. Pas d'entreprise dans ce village qui compte 30 % de chômeurs et autant de retraités, et donc pas d'impôts locaux. «Une fois que nous aurons payé les quatre salaires de l'école maternelle, ceux des trois employés de la mairie et les allocations sociales, on ne pourra même plus acheter un crayon», constate l'élu local.

A l'idée de voir débaptiser leurs rues, les villageois n'ont guère d'états d'âme. «Le maire a eu une excellente idée, opine Béla Ivády, 65 ans, menuisier à la retraite. Les dernières mines de la région ont fermé il y a quinze ans. Ici, il n'y a que les oiseaux qui viennent nous voir. »
Après avoir oeuvré dans la pub à Budapest pour DMB & B et Young & Rubicam, Gábor Ivády a tout laissé tomber pour s'installer dans le village de sa grand-mère où il a été élu maire en 2002. Ce père de famille de 33 ans n'en est d'ailleurs pas à sa première idée saugrenue. L'an dernier, il avait lancé un drôle de troc, échangeant le blason du village contre une montre, puis la montre contre une table, et celle-ci contre un modem. Et, de fil en aiguille, avait récolté de quoi financer une aire de jeux pour enfants.

Indépendance.
En Hongrie, les communes des régions défavorisées peuvent prétendre chaque année à un coup de pouce de l'Etat, mais ce dernier serre les cordons de la bourse pour réduire l'important déficit budgétaire. Ivád n'aura donc de subvention supplémentaire que si son école maternelle, qui compte 27 enfants, fusionne avec celle de la ville voisine. «J'ai peur qu'on finisse par la fermer. Il y a trois ans, l'école primaire a fermé. Puis le bureau de poste. Ils veulent tuer les petits villages !» fulmine Gábor Ivády. Comme 98 % de ses administrés étaient contre la «poste mobile», le maire a écrit au Premier ministre. «Avec une seule employée, qui verse en outre un loyer à la poste pour son logement, notre bureau ne coûte pas si cher», raconte-il. N'ayant pas reçu de réponse, il a encore piqué un coup de pub et brûlé sur la place publique une vieille voiture peinte en vert et en rouge, les couleurs de la poste magyare. Aujourd'hui, monsieur le maire rêve tout haut : «Si je vends une seule rue, le village pourra rémunérer lui-même la directrice de l'école maternelle pendant cinq ans et nous garderons notre indépendance.»

Le cas d'Ivád n'est pas isolé. Surtout à l'est du pays, bien plus pauvre qu'à l'ouest. «On y trouve les mêmes disparités qu'entre le sud et le nord de l'Italie. Mais la Hongrie a mis en place des conseils régionaux qui permettent à un nombre croissant de petites villes de demander des aides européennes», observe Péter Balàzs, ancien commissaire européen chargé de la politique régionale. Pourtant, si 22 milliards d'euros ont été alloués à la Hongrie pour la période 2007-2013, il y a un hic : l'Etat ou la municipalité doit cofinancer le projet. L'an dernier, après avoir rempli 50 volumineux dossiers de demandes d'aide, le maire d'Ivád a reçu deux réponses positives. «Nous avons obtenu 5 millions de forints [20 000 euros, ndlr] pour construire 85 mètres de trottoir. Mais on n'a pas encore payé notre part [10 %] car on ne les a pas ! Si cela pose problème, ils n'ont qu'à reprendre leur trottoir», explique Gábor Ivády.

Tel Perrette et le pot au lait, il a calculé que la vente des huit rues rapporterait au total 1 383 000 euros. Le village installerait alors le tout-à-l'égout et placerait le reste pour cofinancer des projets européens.

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